C’est en préparant l’article sur la station Cluny-La Sorbonne que m’est revenu en tête le film La Grosse Caisse avec Bourvil, Paul Meurisse, Roger Carel et Daniel Ceccaldi. On y redécouvre le charme du métro parisien des années 60 mais aussi l’une de ses stations fantômes, Arsenal, qui servait à l’époque d’exposition publicitaire à la marque Simca. Retour sur cet amusant double coup de pub, à la fois métropolitain et cinématographique.
Rapt à la RATP mené par Bourvil
La Grosse Caisse est une comédie française réalisée par Alex Joffé. Sortie en 1965, elle narre l’histoire d’un poinçonneur de la RATP à la station Quai de la Rapée, Louis Bourdin, qui se rêve en écrivain de romans policiers. Moqué par ses pairs et refusé par les éditeurs, Bourdin décide d’organiser, avec l’aide d’un truand nommé Filippi (Paul Meurisse), le hold-up qu’il a lui-même imaginé pour son livre Rapt à la RATP.
Il s’agit tout simplement de faire main basse sur la recette de la RATP qui rejoint, chaque jour, le siège de l’entreprise par une voie dite “Voie des Finances” grâce à un train spécial surnommé justement la “Grosse Caisse”. Cette mystérieuse voie (qui restera en service jusqu’en 1967 avant d’être murée) se situe justement entre la station Quai de la Rapée et Gare de Lyon, via une voie de connexion désaffectée entre la Ligne 1 et la Ligne 5. Sachez que sur la Ligne 5, il existe une station fantôme, située entre Quai de la Rapée et Bastille, nommée Arsenal. Fermée en 1939 pour limiter le nombre de stations desservies suite à la mobilisation d’une partie du personnel de la RATP, elle ne rouvrira jamais par manque de fréquentation potentielle, comme Cluny, Croix-Rouge, Champs de Mars ou Saint-Martin.
Exposition publicitaire des automobiles Simca
Or en ce milieu des années 60, la marque Simca dont l’usine principale se situe à Poissy, voit en cette station la possibilité d’un événement publicitaire en y exposant sa gamme, dès lors visible par les passagers de la Ligne 5. On y découvre la petite Simca 1000, ainsi que le duo de berlines 1300 et 1500. Pas de trace du coupé 1000 en fin de carrière, bientôt remplacé par la 1200S. Ce n’est plus le flamboyant Henri Pigozzi qui est à la tête de Simca. Les Américains de Chrysler ont pris le contrôle de la société, et c’est Georges Héreil (ancien patron de Sud-Aviation) qui lui succède.
Cette exposition Simca va alors recevoir une double exposition. Si les scènes du Quai de la Rapée sont réalisées en studio, celles qui doivent se dérouler à Arsenal seront tournées in situ, en plein milieu de l’exposition Simca. C’est là que les gangsters doivent s’emparer de la Grosse Caisse qui file en direction de la voie des finances. Les voitures disposées sur le quais, grâce à leurs coffres, serviront de geôles idéales pour les servants du train financier. En intégrant la station Arsenal et ses voitures au scénario, Alex Joffé fait un joli cadeau à Simca qui voit ses autos présentées à la France entière par l’intermédiaire du cinéma. Un coup de pub visible par 1 836 779 spectateurs venus voir Bourvil faire son casse du siècle.
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Bande annonce la Grosse Caisse :