La Gare Centrale d’Helsinki (Helsingin päärautatieasema en finnois) est l’un des bâtiments les plus remarquables de la capitale finlandaise. Il faut dire qu’elle en impose quand on l’aperçoit sur la Rautatientori (place de la gare en finnois) avec ses allures brutales et massives qui, pourtant, ne manquent ni de charme, ni d’élégance.
Découvrir Helsinki
C’est à l’occasion d’un voyage de presse organisé par Renault que j’ai pu découvrir cette étrange gare. Il s’agissait alors de tester le tout nouveau Koléos (nous étions alors en 2017) dans la campagne entourant la capitale, Helsinki. Alors que, la plupart du temps, le timing serré des essais presse ne permet pas le tourisme, celui-ci fit exception. Arrivés tôt en ville, une fois débarrassés de nos montures franco-coréennes et nos bagages déposés dans notre hôtel-prison (véridique, il s’agit de l’Hôtel Katajanokka, ancienne prison de la ville), nous disposions d’un important quartier libre avant le dîner / conférence de presse. Laissant mes confrères vaquer à leurs occupations, j’entrepris donc de découvrir la ville, profitant de ce temps idéal du solstice d’été.
Renault Koléos
En 2017, Renault renouvelle enfin en Europe son Koléos un peu pataud par un deuxième bien plus sexy. Sommet de la gamme au losange au côté de l’Espace V et de la Talisman, elle présente un style plutôt réussi bien qu’un peu rondouillard. Uniquement disponible en 5 places, il laisse la joie des 7 places à l’Espace V mais propose de série les 4 roues motrices. Produit en Corée du Sud et développé par la filiale Renault-Samsung, il ne propose en Europe que des moteurs diesel : 1.6 DCi 130, 2.0 DCi 177 puis 1.7 Blue DCi 150 et 2.0 Blue DCi 200. A l’essai, (en version 177 chevaux), j’avais été plutôt agréablement surpris par ce 4×4 confortable et doux, dont la boîte CVT m’avait bluffé sur le parcours de franchissement (moins sur la route).
Rapidement, je fus conquis par la ville : j’aime ce mélange d’architectures Baroque, Art Nouveau ou Art Déco, mêlé de fierté nationale finlandaise et de beaux restes de l’influence russe, voire suédoise. Un patchwork bienvenu pour un parisien habitué à la beauté monotone du Paris Haussmannien ! Par ce temps de printemps (le meilleur moment sans doute pour découvrir la Finlande), je déambulais dans cette ville portuaire totalement dépaysante tout en pensant à un futur article sur Valmet (constructeur automobile locale qui produisit de nombreuses Saab, mais aussi des Simca / Talbot, et même des Porsche plus récemment, mais nous y reviendrons).
Hasard de la visite : la Gare s’impose
C’est un peu par hasard que je tombai sur la Gare Centrale. Je n’avais pas de guide de la ville en poche, et m’étais simplement laissé emporté par les avenues d’Helsinki. Et face à cette gare, je marquai l’arrêt : sa structure moderne et ses formes me laissaient ébahi. Difficile à dater au premier coup d’œil tant il semble, de loin, y avoir de l’Art Déco, de l’Art Nouveau, et parfois du Brutalisme. Pourtant, ces deux courants sont anachroniques puisque la gare fut achevée et mise en service en 1919. En tout cas elle en impose, avec son Campanile verdoyant et ses statues monumentales (c’est peu de le dire).
Un style national en devenir face à la Russie
Tout commence en 1861 avec la construction de la première gare d’Helsinki. A l’époque, la Finlande fait encore partie de l’Empire Russe et Helsinki n’est qu’une grosse bourgade de 20 000 habitants. Cette première gare est à l’image de la ville à l’époque : très provinciale, dans un style russe assez classique. Cependant, avec le développement économique de la cité, et son rôle de terminus des chemins de fer locaux, cette première gare montre vite ses limites et, à la fin du XIXème siècle, on commence à réfléchir à un agrandissement bienvenu. Un concours d’architecture est organisé en 1904 pour définir les nouveaux contours d’une gare qui doit refléter l’âme finlandaise. À cette époque, la Finlande cherche à s’émanciper de la tutelle russe et cela se manifeste par l’encouragement d’une architecture propre. Peu de temps avant, un autre concours destiné à l’édification du Musée National de Finlande avait fait émerger un courant stylistique considéré comme romantique et national, inspiré du monde médiéval (et dont la construction débute en 1905, pour se terminer en 1916).
Un projet remanié pour plus de modernité
C’est l’architecte Gottlieb Eliel Saarinen qui remporte le concours. Pourtant, l’accueil n’est pas favorable et l’homme doit revoir sa copie. Le Romantisme national (appliqué au Musée National) paraît désuet alors que les chemins de fer doivent symboliser la modernité. Saarinen conserve quelques références au Romantisme National mais fait évoluer son projet vers plus de rationalité, en s’inspirant du Jugendstil (Art Nouveau tendance germanique) mais aussi de ce qui se fait outre-Atlantique. Ce mélange jugé “Art Nouveau tardif” préfigure un peu l’Art Déco à venir, ce qui explique sans doute la difficulté pour le visiteur à dater l’édifice.
Une gare monumentale prête pour l’indépendance
Si la Gare Centrale semble monumentale à l’extérieur, et malgré de somptueuses décorations intérieures, elle se découvre bien plus petite qu’imaginée une fois arrivé sous la verrière. Il est vrai que nos gares parisiennes ont été construites pour un tout autre trafic et que, malgré son statut de capitale, Helsinki n’en demeure pas moins le terminus d’un réseau bien moindre malgré l’immensité du territoire finlandais. Le projet de Saarinen sera définitivement validé en 1909, et les travaux commenceront à partir de 1911. Il faudra attendre 1919 pour qu’elle rentre en service. Entre-temps, la Finlande aura retrouvé son indépendance (en 1917) après des siècles de domination suédoise puis russe. Particularité : il reste encore une forte minorité linguistique suédoise ce qui explique l’usage tant du finnois que du suédois dans la gare. Bonne visite !