L’usage intensif de mon automobile, ces derniers jours, m’oblige à parler de cette plaie sur autoroute : le mauvais usage des voies en général, et de la voie du milieu en particulier. J’ai pourtant bon souvenir de mon code de la route, lequel précise son usage limité aux dépassements (tout comme la 3ème voie d’ailleurs) et statuant la voie de droite comme la voie normale de circulation.
La confortable idée du jem’enfoutisme
J’imagine bien ce qui motive le conducteur mordu de la voie du milieu : un entre deux confortable lui évitant de doubler, le rassurant sur les choix de directions et d’embranchement possibles, tout en le maintenant éloigné des dangereuses glissières (selon lui) et de la BAU (bande d’arrêt d’urgence pour les néophytes). Confortablement calé sur un rythme de sénateur (souvent plus lent que la moyenne), il se fiche de savoir s’il a raison ou tort, puisqu’il s’agit de son confort, laissant le soin aux autres de gérer son incurie ! Après moi le déluge.
Sur une autoroute vide, on n’arrive pas à saisir l’intérêt de rouler au milieu, à moins de pousser le militantisme politique jusqu’à l’absurde (contraignant mézigue, sur la voie de droite, à faire un écart de deux voies pour doubler l’importun, car rappelons-le, doubler par la droite est interdit), tandis que sur autoroute chargée, le conducteur centriste contribue aux ralentissements en accordéon qu’une conduite adéquate limiterait plus sûrement (sans lui faire perdre de sa sécurité). En outre, la conduite sur la voie de droite (la base du code de la route donc) obligeant à doubler fréquemment camions et véhicules plus lents permet de rester en éveil là où la voie centrale à vitesse constante conduit à l’endormissement.
Une fausse idée de sécurité justifiant l’égoïsme
La conduite sur la voie du milieu m’inspire donc quelques réflexions : elle représente une fausse sécurité, tout en augmentant le risque de ralentissement (et donc d’accidents) ; elle montre la méconnaissance (ou l’oubli?) du code de la route de nombreux français ; elle met en valeur l’égoïsme poussé à son paroxysme (alors que justement, le code de la route cherche à partager la route de façon logique et adaptée aux circonstances) ; elle met un coup de projecteur sur les idées reçues d’une frange d’automobiliste qui s’inventent une sécurité sans imaginer augmenter, de facto, le danger pour eux et pour les autres ; elle contribue, enfin, à l’endormissement, un fléau que bien des conducteurs oublient tout en branchant toutes les aides à la conduite et le régulateur. La monotonie de la voie du milieu ? Personne n’en parle !
Revoir le code de la route et le permis en lui-même ?
Mis à part ce billet qui ne sera lu que par une minorité de gens, adeptes de la conduite et sûrement d’accord avec mes constatations, je ne vois pas comment changer les choses: le conducteur de la voie du milieu n’est pas un fan de bagnole ni un fan de conduite (encore moins un fou furieux du volant qui, lui, squattera la voie de gauche). Faudrait-il imposer une révision légale du code de la route à intervalles réguliers (incluant aussi le bon usage des ronds points, entre autres?) ? Faut-il verbaliser plus encore ces squatteurs de la route qui pensent, en toute innocence, être de prudents conducteurs en maintenant une allure modérée sur une voie de dépassement ?
Je n’ai pas la réponse mais je sais une chose : ces gens là sont aussi dangereux que les chauffards à 180 sur une autoroute bondée, mais ils ne le savent pas ! Pire, ils se croient d’excellents conducteurs … jusqu’au jour où ils comprendront que leur mauvaise habitude peut être tout aussi mortelle qu’une survitesse !
PS : le mec de la voie du milieu, c’est généralement le même qui, sur une autoroute à deux voies, double à 1 km/h de plus que celui qu’il dépasse, se croyant ainsi en sécurité alors qu’il provoque un fort ralentissement derrière lui (et des risques pour lui comme pour les autres).
PS2 : prochainement, nous aborderons les distances de sécurités, la vitesse adaptée à la circulation (sous ou survitesse), l’usage des clignotants et le bon positionnement dans un rond point, ainsi que le bon apprentissage du freinage, autant de fléaux routiers qui causent la mort plus sûrement qu’un dépassement de 5 km/h (ramené à 1 km/h) de la limite de vitesse pourtant chèrement facturée (90 euros et 1 point).
3 commentaires
Ah quel bel article ! En effet je suis un de ceux qui l’ont lu et en effet j’approuve complètement. Pour le code, il n’y a qu’à faire comme pour les conducteurs de poids lourds ou de cars : tous les 5 ans nous (je ne roule plus en PL mais j’ai le permis e(c) et je suis allée à dépanner mon entreprise), donc nous devons recycler nos formations, et le contenu est justement révision du code, des réglementations, et 1 journée de conduite pour améliorer notre eco-conduite — qui d’ailleurs m’a surprise lors de mon dernier stage : pas besoin de se traîner pour ecoconduire, cela peut se faire avec une bonne conduite dynamique.
100% en phase mais malheureusement, une réflexion d’adaptes de l’auto ET de savoir vivre… de saabistes même je dirais 😉
J’ai bien peur que seules des campagnes de sécurité, suvies de verbalisations effectives, au même titre que l’alcool et le téléphone seront à même de faire évoluer les mœurs…
Effectivement, un truc assez « saabiste » : le savoir-vivre au volant 😉